1681
873. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.
Je trouve plaisant que nous nous soyons réveillés en même temps[1] chacun de notre côté. Je crois que c’est le même jour et que nos lettres se sont croisées. Cela arrive assez souvent. Mais, mon cousin, vous m’avez mandé[2] une chose étrange : je n’eusse jamais deviné le tiers qui est entre nous[3]. Pensez-vous que l’on puisse estimer les lettres que vous avez mises dans ce que vous avez envoyé ? Toute mon espérance, c’est que vous les aurez raccommodées[4] Croyez-vous aussi que mon style, qui est toujours tout plein d’amitié, ne se puisse pas mal interpréter ? Je n’ai jamais vu de ces sortes de lettres, entre les mains d’un tiers, qu’on ne pût tourner sur un méchant ton ; et ce seroit faire une grande injustice à la vérité[5] et à l’innocence de notre ancienne amitié.
Je serois ravie de voir tout cela ; mais le moyen ? Je suis assurée (quoi que je dise[6]) que vous n’avez rien fait que de bien, et c’en est un fort grand de pouvoir divertir un tel homme, et d’être en commerce avec lui. Pour moi, je crois
- ↑ Lettre 873. — 1. Les mots en même temps sont omis dans le manuscrit de la Bibliothèque Impériale.
- ↑ 2. « J’ai remarqué que cela arrive souvent. Mais, mon cousin, vous me mandez, etc » (Manuscrit de la Bibluithèque, impériale)).
- ↑ 3. Le Roi. Voyez ci-dessus la lettre de Bussy du 28 décembre 1680, p. 131 et 132.
- ↑ 4. « C’est que vous les avez raccommodées. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.) — Dans ce même manuscrit, deux lignes plus loin : « Je n’ai jamais vu de lettres, etc.
- ↑ 5. « À la naïveté. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)
- ↑ 6. « Quoi que je die. » (Ibidem).