Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/222

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1683 On fait pêle-mêle les compliments de joie et d’affliction. Vous savez que le marquis de Créquy a épousé Mlle d’Aumont[1], parente de Mme de Coulanges ; et Tavannes, Mlle d’Aguesseau[2], parente de M. de Coulanges. Le voici qui parle, sur l’air de Joconde :

Voir tous les jours entrer les siens
Dans un haut parentage,
Ce sont les plus solides biens
De mon triste ménage.
Nous nous tirons bien, Dieu merci,
De ces gens à soutane[3] :
Quand ma femme me dit Créqui,
Je lui réponds Tavanne[4].

Je salue, j’embrasse, et je révère de tout mon cœur

  1. 4. Sur le marquis de Créquy, voyez tome IV, p. 18, note 15. — Sa femme, qu’il épousa le 4 février 1683, était Anne-Charlotte, fille du duc d’Aumont et de sa première femme, Madeleine-Fare le Tellier (qui était sœur de Louvois). En 1718, à la mort de l’abbé d’Estrées, son amant, elle se convertit, et, dit Saint-Simon (tome XV, p. 301), « de la plus mondaine de toutes les femmes, la plus occupée de sa personne, de la parure, de toute espèce de commodités et de magnificence, et passionnée du plus gros jeu, elle devint la plus retirée, la plus modeste, la plua prodigue aux pauvres et la plus avare pour elle-même ; sans cesse en prières chez elle ou à l’église ; assidue aux prisons, aux cachots, aux hôpitaux, dans les plus horribles fonctions à la nature, et y a heureusement persévéré jusqu’à sa mort, qui lui a laissé bien des années de pénitence. »
  2. 5. Marie-Catherine d’Aguesseau, sœur aînée du futur chancelier, épousa le 4 février 1683 Charles-Marie de Saulx, comte de Tavannes, fils de l’auteur des Mémoires sur la Fronde (voyez tome V, p. 335, note 4).
  3. 6. Gens de robe, magistrats. Ces mots s’appliquent aux le Tellier, aux d’Aguesseau.
  4. .7. Ce couplet se trouve, avec deux variantes, au tome II du Recueil de chansons choisies (de Coulanges), 2e édition, p. 114. Le troisième vers y est imprimé ainsi :

    Est le plus solide des biens.

    À l’avant-dernier, il y a si, au lieu de quand.