Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/312

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1684 fait chaud et qu’on voit une brillante lune, on aime à faire un tour ; mais ici nous n’y pensons pas, nous allons entre deux soleils. Le bon abbé est un peu incommodé de sa plénitude et de ses vents : ce sont des maux où il est accoutumé ; les capucins lui font prendre tous les matins un peu de poudre d’écrevisse, et assurent qu’il s’en trouvera fort bien : cela est long, et en attendant il souffre un peu. Pour moi, je n’ai plus de vapeurs ; je crois qu’elles ne venoient que parce que j’en faisois cas : comme elles savent que je les méprise, elles sont allées effrayer quelques sottes : voilà, ma bonne, la vraie vérité[1] de l’état où nous sommes. Celui où vous me représentez[2] Mlle  d’Alerac est trop charmant, c’est une petite pointe de vin qui réveille[3] et réjouit toute une âme : il ne faut pas s’étonner si elle en a une présentement ; on la sent quelquefois si peu, que c’est comme si on n’en avoit pas[4]. Je suis persuadée que M. de Polignac en a deux à proportion, par la reconnoissance qui se joint à son amour. Il me paroît que les articles se règlent mieux à Livry que chez M. de Montausier et à Sara[5] : c’est là que les difficultés se doivent aplanir ; mais ce que.je ne comprends pas, c’est la première apparition de M. de

  1. 13. « Voilà l’exacte vérité, etc. » (Édition de 1754.)
  2. 14. « Celui dans lequel vous me représentez, etc. » (Ibidem.)
  3. 15. Le mot est fort lisible dans le manuscrit ; Perrin, qui avait mal lu, a imprimé roussille (1754) ; les éditeurs suivants ont reproduit cette étrange erreur, et le mot s’est glissé ainsi, comme étant de Mme  de Sévigné, jusque dans le Complément du Dictionnaire de l’Académie.
  4. 16. Mme  de Sévigné a écrit : « comme si on en avoit pas ; » et à la troisième ligne de la p. 308 : « qu’on aille point ; » et un peu plus loin encore : « qu’on a pas. »
  5. 17. Les mots : « et à Sara, » ont été omis dans toutes les éditions antérieures. — Il y a près de Tournon, dans l’Ardèche, un village du nom de Sarras ; les Polignac, qui étaient de ce pays, ou du moins pas loin de là, y avaient-ils un château ?