Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/311

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1684 pone vouloient vous en donner, les capucins le rendroient cet été, aux états, aux deux premiers au double, et je le rendrois à Mme  de Pompone. J’en ai très-peu. Ce baume est souverain, mais ce n’est pas pour un rhumatisme ; il en faudroit des quantités infinies : c’est pour en mettre huit gouttes sur une assiette chaude, et le faire entrer dans l’endroit de votre côté où vous avez mal, et le frotter doucement, jusqu’à ce qu’il soit pénétré à loisir, et puis un linge chaud dessus ; ils en ont vu des miracles ; ils y souffrent autant de gouttes d’essence d’urine mêlées. Voilà ce qui est pour vous, en très-petit volume, comme vous voyez ; vous me manderez au plus tôt si vous voulez que j’envoie ma petite bouteille, ou si vous voulez en emprunter ; c’est un baume précieux, qui me le seroit infiniment s’il vous avoit guérie, et que je n’ai pris que pour vous ; mais, ma bonne, ne négligez point votre côté.

Vous avez écrit une parfaite lettre à ces bons capucins ; nous l’avons lue avec un grand plaisir ; je leur envoie à Rennes, où ils tirent du tombeau la pauvre petite personne[1] ; ils seront ravis et honorés et glorieux de la recevoir, et je vous enverrai soigneusement leur réponse. Pour nos santés, ma bonne, je vous en parlerai sincèrement[2] : la mienne est parfaite ; je me promène quand il fait beau, j’évite le serein et le brouillard ; mon fils le craint, et me ramène. Ma belle-fille ne sort pas, elle est dans les remèdes des capucins, c’est-à-dire des breuvages et des bains d’herbes, qui l’ont fort fatiguée sans aucun succès jusques ici : ainsi nous ne sommes point en train ni en humeur de faire des promenades extravagantes. On en est tenté à Livry, et l’été, quand il

  1. 11. Celle qui épousa un peu plus tard la Bédoyère. Voyez tome II, p. 300, note 19, et la lettre du 29 avril 1685.
  2. 12. « Pour nos santés, ma chère enfant, je vous en parlerai bien sincèrement. » (Édition de 1754.)