Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/320

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1684 une vision, car il dit qu’elle est fille de Cafut, lequel Cafut étoit une folie de son enfance, dont il étoit grippé au point qu’on lui en donna le fouet étant petit[1], parce qu’on craignoit qu’il n’en devînt fou avec Mme de Sanzei. Quoi qu’il en soit, la Cuverdan de ce pays[2] sera demain ici : il y a trois jours qu’elle est chez la souveraine[3]. Souvenez-vous, ma bonne, de la règle de Corbinelli, qu’il ne faut pas juger sans entendre les deux parties ; il y a bien des choses à dire ; mais, en un mot, il falloit rompre à jamais avec Mme de Tisé, et rompre le seul lien qu’ait mon fils avec M. de Mauron[4] dont il ne jette pas encore sa part aux chiens, ou rompre impertinemment avec la princesse. Il a résisté, il a vu l’horreur de cette grossièreté ; il en a fait dire ses extrêmes douleurs à la princesse ; mais enfin il a fallu se résoudre et prendre parti ; il n’y avoit qu’à prendre ou à laisser ; et mon fils a préféré la douceur et le plaisir d’être bien avec sa nouvelle famille, et par reconnoissance, et par intérêt, à la gloire d’avoir suivi toutes les préventions de la princesse, qui sont à l’excès dans les têtes allemandes. Vous me direz que Mme de Tisé est ridicule d’avoir exigé cette belle déclaration de son neveu ; qu’elle ne sait point le monde ; que cela est de travers : tout cela est vrai, mais on ne la refondra pas. Peut-être que cette pétoffe[5] ne servira qu’à confirmer la roture de celui que la prin-

  1. 18. « Étant tout petit. » (Édition de 1754.)
  2. 19. On voit à la fin de cette lettre que Mme de Marbeuf venait d’arriver aux Rochers ; ainsi il est vraisemblable que c’est elle que Mme de Sévigné désigne par ce nom. (Note de l’édition de 1818.) Voyez encore la lettre du 29 novembre suivant, p. 327.
  3. 20. La princesse de Tarente. — Le texte de 1754 porte : « chez la princesse. »
  4. 21. Beau-père de M. de Sévigné, et frère de Mme de Tisé. (Note de Perrin.)
  5. 22. Voyez tome III, p. 276, note 7.