Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/34

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1680 trouvé ce qu’il y avoit à dire de l’épingle[1] ; j’ai tourné tout autour, sans avoir eu l’esprit de le dire : ne craignons jamais de nous permettre les turlupinades qui viennent au bout de nos plumes. Vous avez donc oublié les vers que vous fîtes pour la fête du bon abbé ; et moi j’ai aussi oublié les miens : cela est assez bien de part et d’autre. Vous finissiez un sixain pour Mlle d’Alerac, en lui faisant dire :

Cher abbé, je n’ai qu’une fleur,
Et je la veux garder pour faire une autre fête.

Cela est de la force de la touffe ébouriffée. Vous me représentiez l’autre jour cette belle fille, de manière à faire croire que la fête sera toute des meilleures : je la souhaite pour le bien de toute la maison, et que Guintrandi[2] puisse beugler :

Que chacun se ressente[3], etc.

Montgobert me mande qu’elle étoit l’autre jour si poursuivie de musique, qu’elle ne savoit plus où se ranger : nous voudrions bien nous trouver dans cet embarras. Je vous garderai fidélité, ma très-belle, et pendant votre absence je pourrai me vanter de n’avoir eu aucun plaisir. Je trouve Montgobert assez joliment avec vous, puisque vous parlez ensemble, et que vous l’allez voir : il ne vous manque rien que de l’amitié. Quel aveuglement que cette passion qui fait que Montgobert voit Magdelon en vous ! Je la plains infiniment ; car ce n’est assurément ni par malice, ni par plaisir qu’on se laisse dévorer par

  1. 17. Voyez ci-dessus, p. 21.
  2. 18. Ce nom se trouve déjà au tome V, p. 268.
  3. 19. C’est ainsi que commence une invitation à la joie chantée par le dieu Pan dans le prologue de Cadmus et Hermione, opéra de Lully et de Quinault, représenté en 1674.