1680 cette impitoyable furie, qui gâte, qui corrompt, et qui change tout. Magdelon[1] vous sert toujours bien ; j’en suis fort aise, et qu’elle ait retrouvé une santé que nous avons vue en pitoyable état.
Il y a sept jours que je suis revenue de Rennes, et que je me repose l’esprit. Je n’avois point voulu que la princesse vînt ici : je lui avois fait valoir nos dévotions de jeudi[2], comme elle me fait valoir les siennes[3], où elle fait plus de jeûnes et de retraites que nous n’en faisons pour notre réalité. J’ai donc été en solitude : j’ai songé en quel état étoit ce bon abbé, il y a un an ; et tous vos soins aimables que je dois mettre sur mon compte, et quels secours aux dépens de votre santé[4] je tirois de vos conseils ; et cet Anglois et ce cardinal[5] qui mourut, ce me semble, de la maladie de l’abbé[6]. Eh, mon Dieu ! que l’esprit fait de chemin, et que l’on pense de choses, quand on pense toujours ! cette vie ne m’ennuie point, tant que je ne pourrai pas espérer d’être avec vous.
Mais revenons : je fus donc voir hier cette princesse ; elle fut ravie de votre compliment ; elle s’est imaginé qu’elle vous aime passionnément[7], et cela devient une vérité : du moins elle a[8] une très-juste estime de votre esprit et de votre personne. Je crois que la comtesse
- ↑ 20. Magdelon étoit vraisemblablement l’objet de la jalousie de Mlle Montgobert. (Note de Perrin.)
- ↑ 21. Jour de l’Assomption.
- ↑ 22. « Comme elle me faisoit valoir les siennes, » (Édition de 1754.)
- ↑ 23. Ces mots : « aux dépens de votre santé, » sont seulement dans notre manuscrit.
- ↑ 24. Le cardinal de Retz.
- ↑ 25. D’une fièvre continue, qui, pour le Cardinal, prit, à ce qu’il paraît, le caractère de fièvre maligne. Voyez les lettres du 25 août 1679, tome V, p. 559-562.
- ↑ 26. « Qu’elle vous aimoit passionnément. » (Édition de 1754.)
- ↑ 27. « Elle a du moins. » (Éditions de 1737 et de 1754.)