Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/357

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1685 enfin, ma bonne[1], ce n’est plus par là qu’il me faut plaindre, c’est d’être bien loin de vous, c’est de n’être que métaphysiquement de toutes vos parties, c’est de perdre un temps si cher. Comme on pense beaucoup en ce pays[2], on avale quelquefois des amers moins agréables que les vôtres. Je reprends des forces et du courage, et j’en ai, ma bonne[3], quoi qu’en veuille dire le chevalier : voilà l’état de mon âme et de mon corps. Je vous dis les choses comme elles sont, ma chère bonne et il faut que je sois bien persuadée de votre parfaite amitié pour vous faire cet étrange détail au milieu de Versailles, où vous êtes assurément. Ma bonne, la tendresse que j’ai pour vous est toute naturelle, elle est à sa place, elle est fondée sur mille bonnes raisons ; mais celle que vous avez pour moi est toute merveilleuse, toute rare, toute singulière, il n’y en a quasi pas d’exemple, et c’est ce qui fait aussi cette grande augmentation de mon côté, qui n’est que trop juste[4] .

Mme  de la Fayette vous a vue, elle me mande que vous fîtes de Mlle  d’Alerac comme de votre chien, hélas ! votre beau chien, vous en souvient-il ? et que vous causâtes fort ensemble, qu’elle est engouée de vous, c’est son mot ; que vous êtes parfaite, hormis que vous êtes trop sensible : voilà votre défaut, elle vous en gronda ; voilà comme mes amies[5] reçoivent vos visites et sont

  1. 4. « Je me suis promenée ; ne me regardez point comme une pauvre femme de l’hôpital ; je n’ai point l’air malade ; je suis belle, je ne suis point pleureuse ; enfin, ma très-chère, etc. » (Édition de 1754.)
  2. 5. « Dans ce pays. » (Ibidem.)
  3. 6. Les mots : « et j’en ai, ma bonne, » et deux lignes plus loin : « ma chère bonne, » et encore trois lignes après : « ma bonne, » ne sont pas dans l’impression de 1754.
  4. 7. « Et c’est ce qui fait aussi cette grande et juste augmentation de mon côté. » (Édition de 1754.)
  5. 8. « Elle me mande que vous causâtes fort ensemble, qu’elle est