Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/358

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1685 contentes de vous ; car Mme  de Lavardin m’en écrivit encore une grande feuille. Tout cela vous fait souvenir de moi, ma très-chère, et cette bonne duchesse de Chaulnes[1]… Vous me marquez si bien les divers tons de ceux qui m’ont souhaitée dans ma chambre, que je les ai tous reconnus. Ma bonne, j’ai été triste de n’être point à ce souper pour vous faire les honneurs de cet appartement : la compagnie étoit bonne et gaie[2], M. de Coulanges ne trouva pas assez de haut goût ni de ragoût pour son goût usé et débauché ; cela étoit trop héroïque pour Monsieur de Troyes[3] et pour lui : il avoue pourtant que le repas étoit beau et bon et fort gai. Hélas ! ma santé n’est pas digne d’être si souvent et si bien célébrée. Il me paroît que M. de Lamoignon connoît bien le mérite de la bonne femme Carnavalet : vous ne sauriez trop ménager un tel ami. Je suis ravie de la joie qu’ils ont de cette place du conseil[4] ; mais je suis affligée de cette cruelle néphrétique qui accable ce pauvre homme à tout moment : point de jours sûrs, c’est un rabat-joie continuel.

Je trouve bien plaisant tout le petit tracas de l’hôtel de Chaulnes : je ne crois point la duchesse jalouse ; je doute que cette belle amitié qu’elle a pour moi lui permît de

    engouée de vous, c’est son mot ; que vous seriez parfaite si vous n’étiez trop sensible : voilà votre défaut, elle vous en gronde ; c’est ainsi que mes amies, etc. » (Édition de 1754.)

  1. 9. « Car Mme  de Lavardin m’en écrivit encore une grande feuille, et cette bonne duchesse de Chaulnes… tout cela vous fait souvenir de moi. » (Ibidem.)
  2. 10. « ...de mon appartement : la compagnie étoit bonne et gaie-, et le repas étoit excellent. Il me paroît que M. de Lamoignon, etc. » (Édition de 1754.)
  3. 11. L’abbé de Chavigny voyez tome IV, p. 358, note 3
  4. 12. « Le Roi a nommé conseillers d’État de semestre le sieur de Bâville (Nicolas de Lamoignon), maître des requêtes ordinaire de son hôtel, et le sieur de Breteuil, aussi maître des requêtes et intendant des finances. » (Gazette du 3 février 1685.)