Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/38

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Le bon abbé voudroit bien être à Grignan[1] pour conférer avec Monsieur l’Archevêque, et avoir encore l’avantage de le voir. Je voudrois bien y être aussi : c’est sur ces séparations si terribles que je ne suis pas soumise comme je le devrois. Je regrette ce que je passe de ma vie sans vous, et j’en précipite les restes pour vous retrouver, comme si j’avois bien du temps à perdre. Adieu, ma belle : je vous aime trop pour entreprendre de vous le dire.


1680

844. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, mercredi 21e août.

Je commence ma lettre par le compliment que l’on doit à tous les Grignans sur la mort de ce bon vieux évêque d’Évreux[2]. Cette mort que l’on n’a point souhaitée, ne laisse pas de venir fort à propos : le chevalier y gagne mille écus, et voilà ce jeune prélat en pleine possession d’un des plus beaux bénéfices de France[3]. L’union de votre famille ne me permet pas de douter que Condé[4] ne

  1. 37. « Voudroit bien se trouver a Grignan ; et à la ligne suivante : « l’honneur, » au lieu de : « l’avantage. » (Édition de 1754.)
  2. Lettre 844 (revue en partie sur une ancienne copie). — 1. Sur l’évêque d’Évreux et sur la pension de mille écus dont il va être question, voyez la lettre du 21 février précédent, tome VI, p. 268-270. — Il était mort à Évreux, le 12 août, victime d’un funeste accident, que Mme de Sévigné ignorait encore : voyez plus loin les lettres du 4 et du 11 septembre.
  3. 2. L’abbé de Grignan ne fut pas sacré évêque d’Évreux ; il fut nommé peu de temps après à l’évêché de Carcassonne, et la cérémonie de son sacre eut lieu le 21 décembre 1681, dans l’église collégiale de Grignan, où l’archevêque d’Arles avait été sacré cinquante-deux ans auparavant. (Note de l’édition de 1818.)
  4. 3. Maison de plaisance des évêques d’Évreux. (Note de Perrin.) Voyez tome VI, p. 274, note 31.