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je sais bien que je n’ai rien de faux dans le cœur, non plus que dans l’esprit.

1037. DE MAJOAME DE SÉVIGNÉ

A_ MADAME DE GRIGNAN[1] à six heures du soir.

J’ai reçu ce matin votre lettre à la Charité ; vous avez mal jugé de nos gîtes : nous ne savons ce que c’est que Pont-Agasson ; nous vînmes à Milly [2]. Yous devez encore faire des excuses au temps, que vous avez accusé de trahison : jamais, je dis jamais, il n’en fut Un plus parfait, plus solide et plus sincère, car les brouillards du matin ne nous ont pas même laissées dans l’incertitude. Pour les chemins, c’est une chose extraordinaire que leur beauté on n’arrête pas un seul moment, ce sont des mails et des promenades partout, toutes les montagnes aplanies, la rue d’enfer, un chemin de paradis mais non, car on dit que le chemin en est étroit et laborieux, et celui-ci est large, agréable et délicieux. Les intendants- ont fait des merveilles, et nous n’avons cessé de leur donner des louanges. Si jamais j’alIois à Lyon, Dieu me préserve d’une autre route! Nous voici à Nevers, nous pensions aller demain à Moulins; mais une Mme Ferret[3], que

  1. 1. Les eaux de Bourbon étaient à ce moment fort en vogue. Voyez la Notice p. 271. Les eaux de Bourbon étaient à ce moment fort en vogue.Le Mercure d’août 1687 (p. 83-97) donne une longue liste des personnes qui étaient allées les prendre cette année. A Nevers, samedi 20* septembre,
  2. 2. Milly, chef-lieu de canton de l’arrondissement d’Étampes, entre Ëtampes et Fontainebleau. Voyez le commencement de la lettre du 18 octobre suivant, p. 119.
  3. 3. Elle était de Bretagne (voyez la lettre suivante, p. 99). Peut-être était-elle la femme d’un intendant du cardinal de Bouillon, que