Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/167

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secours qu’il a trouvé dans le quinquina[1] Dieu veuille que dans trente ans d’ici il en ait encore besoin ! Je n’ai pas oublié les agitations que donne un grand procès, et cela me fait plaindre la belle Comtesse. Je vous supplie de m’en apprendre le gain quand elle l’aura obtenu, car je lui en veux faire compliment. Elle est toujours dans mon souvenir et dans mon estime immédiatement après vous ; si je n’avois que trente ans, elle seroit devant. Ma fille lui rend mille grâces de l’honneur de son souvenir.

Nous sommes dans ces vieux châteaux des Coligny, pour en affermer les terres. La modestie de l’amiral n’étoit pas si grande que vous pensez, Madame votre petit-neveu[2] est bien loin d’avoir toutes les terres dont il jouissoit ; d’ailleurs on faisoit plus alors pour mille francs, qu’on ne fait aujourd’hui pour dix mille[3], et puis ce fameux rebelle partageoit les tailles avec son maître. Jugez après cela de sa modestie.

Le duc de Valentinois et Mlle d’Armagnac ont joué un beau petit rôle depuis un mois; peut-être ne les reverra-t-on plus de leur vie sur le théâtre ; mais ceux qui n’en sortent point et ceux qui n’y montent jamais, les premiers personnages et les allumeurs de chandelles, tout cela sera égal à la fin de la comédie. Il faut chercher autre chose que tout ce que nous voyons, et savez-vous bien, Ma



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MME DE SÉviGsri. vin xi

  1. 3. La convalescence du Roi n’avait pas commencé au milieu de juin, comme le disait Mme de Sévigné dans la lettre précédente (p. 156 et 157) ce ne fut que le 27 qu’il parut entièrement rétabli, « continuant néanmoins toujours l’usage du quinquina jusques au 15 juillet, et encore, avec quelques interruptions, bien longtemps après. Voyez le Journal de d’Aquin, p. 192 et 193.
  2. 4. Le fils de Mme de Coligny.
  3. 5. Une autre main que celle de Bussy, en ajoutant deux mots dans l’interligne, a modifié ainsi le texte : “ on faisoit plus alors pour dix mille francs qu’on ne fait aujourd’hui pour dix mille écus. »