Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/537

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alors à Compiègne, que si M. le duc d’York continuoit à faire des actions de valeur comme il faisoit, il seroit bientôt maréchal de France. C’est votre pensée, mon cousin, et je ne m’étonne pas que souvent vous et Benserade ayez dit les mêmes choses.

Il est donc vrai que ce prince n’avoit pas oublié votre politesse envers lui, lorsque vous lui cédâtes de si bonne grâce. Avez-vous jamais vu des malheurs comme les siens? Non; mais on en a lu, et rien n’est si extraordinaire que l’histoire d’Angleterre : les changements de rois leur sont familiers. Ce qui est à craindre pour lui, c’est la religion différente de l’anglicane, qui seroit toujours un grand embarras dans les réconciliations fréquentes qui s’y font après les plus grandes ruptures. Il est bien difficile de juger de tout ce que nous voyons.

Nos cousines de Rabutin d’Allemagne[1] m'écrivirent l’autre jour, et à Mme de Montataire, pour nous demander conseil, si elles ne devroient pas quitter leur frère, qui alloit présentement porter les armes contre le Roi, pour le service de l’Empereur. Nous n’avons su bonnement que leur répondre ; il est si peu question de ces deux filles qui sont attachées à leur frère, et qui n’ont plus ni père, ni mère, ni. établissements que je suis persuadée qu’il n’y auroit aucun bruit dans le monde, si en arrêtant leur subsistance, elles se tenoient où elles sont; les affaires de Sa Majesté n’en iroient pas moins bien.


[2]

    de Bussy. Le mariage de Laure Martinozzi, nièce de Mazarin, avec le duc de Modène, fut célébré à Compiègne, en présence du Roi, au mois de juin 1655.

  1. 6 Charlotte de Rabutin et Gabrielle de Rabutin, sœurs de Jean-Louis de Rabutin. Voyez ci-dessus, p. 94, note 6, et tome II, p. 40 note 4.
  2. 7. Tel est le texte du manuscrit. Les éditions antérieures donnent assurant, au lieu d’arrêtant. Cette partie de la lettre manque dans l’impression de 1697.