Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/550

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

544

1689

1155. Dïï COMTE DE BtTSSY EABDTI3S’ A MADAME DE SEVIGÎfÉ ET A CORBimELU.

Trois jours après que j’eus reçu cette lettre (no ii5i, p. S3o), j’y fis cette réponse.

A Chaseu, ce a3° mars 1689.

A MADAME DE SÉVIGNÉ.

Si vous avez.trouvé qu’il y avoit longtemps que vous ne m’aviez écrit, Madame, vous jugez bien que le temps m’a dû- paraître beaucoup plus long qu’à vous. Vous interrompez des occupations agréables pour m’écrire, et moi je n’ai rien de meilleur à faire qu’à vous entretenir. Puisque le roi d’Angleterre n’a pas voulu m’attendre, je le laisserai courir; mais j’ai grand’peur qu’il ne puisse s’empêcher dé s’impatienter de me voir, et qu’il ne me veuille épargner la peine de l’aller chercher en Irlande. Je ne savois pas que Benserade eût écrit ce que vous me mandez à la feue reine d’Angleterre ce n’est pas le premier bel esprit dans les pensées duquel-je me suis rencontré; notre ami Corbinelli dit que je pense assez comme Horace, que je n’ai jamais lu’.

Lettre ii55. 1. Il est difficile de croire que Bussy Rabutin (qui a déjà dit la même chose à Corbinclli, Voyez tome 111, p.St et 82) n’eût pas lu Horace. Il dit dans ses Mémoires (tome I, p. 6) a J’entrai en seconde que je n’avois pas douze ans, et j’étois si bon humaniste, qu’à treize on me jugea assez fort pour entrer de là en philosophie, sans passer par la rhétorique. » II faisait ses études au collège de Clermont, et il avait nécessairement lu et expliqué Horace en troisième et en seconde. D’ailleurs on lit à la tête d’un Choix de poésies, publié à la Haye en 1715 et dédié à la comtesse de Fiennes, une traduction de l’ode d’Horace Diffugere nives, qui est indiquée comme étant l’ouvrage du comte de Bussy Rabutin. Celui-ci portait loin l’amour-propre, et il était bien aise que l’on pensât que par la seule force de son esprit il s’était rencontré avec les plus beaux génies de l’antiquité. (Note de l’édition de 1818.) Cet alinéa est biffé dans notre manuscrit, comme presque toute la lettre.