Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/17

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Ne me reparlez point de ceci, en écrivant ; [1] Monsieur le chevalier m’approuve, et c’est assez. Je laisse là ma lettre, j’y ajouterai ce soir quatre lignes ; je m’en vais à Ténèbres, et de là à Saint-Paul.

Me voilà revenue, ma chère enfant, et je vous quitte, en vous priant de vous bien reposer, et de faire jaser Pauline, si vous avez envie de répondre à mes causeries : sans cela, laissez-les tomber ; écrivez-moi en petit volume, et portez-vous bien ; c’est tout ce que je désire.

1162. DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

A Paris, lundi 11è avril.

ENFIN, ma fille, vous avez quitté Aix :vous me paroissez en avoir par-dessus les yeux. Vous êtes à Grignan : vous trouvez-vous mieux de cette solitude, avec tous les désagréments qui y sont survenus ? Il me semble que cette envie d’être seule n’est, à la bien prendre, que l’envie d’être fidèle au goût que vous avez pour les désespoirs et pour la tristesse : vous auriez peur qu’une distraction ne prît quelque chose sur les craintes que vous voulez avoir pour votre cher enfant, dès qu’il sera dans le moindre péril ; je ne pense peut-être que trop vrai ; mais ce seroit être bien cruelle à vous-même, de ne pas profiter au moins du temps que notre petit homme est en repos, pour y être aussi de votre côté, au lieu d’anticiper, comme il paroit que vous faites. Je crois que nous partons après-demain matin : je suis ridiculement

  1. 3. En m'écrivant (Edition de 1754.)