Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/206

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grand-père saint François de Sales[1] étoient aussi spirituels que sainte Thérèse. Il a tiré de tous ces livres cinq cents maximes d’une beauté parfaite[2]. Il va tous les jours chez Mme le Maigre[3]14, très-jolie femme, où l’on ne parle que de Dieu, de la morale chrétienne, de l'évangile du jour ; cela s’appelle des conversations saintes : il en est charmé, et il y brille ; il est insensible à tout le reste. Il répond pourtant un peu à Monsieur de Soissons[4] pour M. Descartes. Il montre ce qu’il fait à Mme de Coulanges, qui en est fort contente. Plusieurs cartésiens le prient de continuer ; il ne veut pas, vous le connoissez ; il brûle tout ce qu’il griffonne[5]. Toujours vide de lui- même, et plein des autres, son amour-propre est l’intime ami de leur orgueil, car[6] il ne les offense point : je ne m’étonne pas qu’on s’en accommode chez le lieutenant civil. Je ne sais s’il conduisoit ce mariage[7] : il est rompu; la mère en est inconsolable, le père ne s’en soucie pas, à ce qu’il dit, et la fille tient une contenance adorable dans cette occasion assez difficile. Corbinelli ne m’écrit pas, il n’a pas le temps : je ne sais ce que je ne donnerois point pour voir le corps de la place aussi bien pris chez lui que tous les dehors le sont, et voir ce que feroit[8] la vraie dévotion dans un esprit aussi vif et aussi

  1. 12. Saint François de Sales avait publié en 1616 un livre intitulé Philothée ou Traité de l'Amour de Dieu. Les lettres de sainte Chantal avaient été publiées en 1660.
  2. 13. Ces extraits n’ont point été publiés : voyez Walckenaer, tome IV, p. 326 et 327.
  3. 14. Voyez la Notice, p. 149.
  4. 15. Voyez ci-dessus la lettre du 15 juin précédent, p. 82 et 83, et la note 15.
  5. 16« Tout ce qu’il a griffonné. » (Édition de 1754.)
  6. 17. Ce mot car n’est pas dans l’édition de 1754.
  7. 18. Voyez la fin de la lettre du 24 août précédent, p. 175, note 20.
  8. 19. « Et pour examiner ce que feroit. » (Édition de 1737.)