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I2I7. DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CHARLÉS DE SÉVIGNÉ A MADAME DE GRIGNAN. a

Aux Rochers, ce mercredi 21è septembre.

DE MADAME DE SÉVIGNÉ.

Non-seulement je lis vos lettres avec plaisir, ma chère fille, mais je les relis avec une tendresse qui m’occupe et qui me fait aimer mes promenades solitaires : elles sont bien mieux écrites que vous ne pensez ; vous ne sentez pas le tour[1] et l’agrément que vous y donnez. Il faut que je vous dise, ma chère Comtesse, que M. de Chaulnes, après[2] tant et tant d’amitiés, nous a un peu oubliés à Paris. Il reçut votre lettre à Versailles : elle étoit toute propre à le réveiller ; cependant, eu huit jours de séjour et trois conférences avec le Roi, il n’a pas trouvé le moment de dire un mot en faveur de mon fils, ni même à M. de Croissi3. Le secrétaire d’État Colbert de Croissi avait dans son département, outre les pays étrangers, plusieurs provinces de France, et entre autres la Bretagne. Voyez l’État de la France de 1689, tome II, p. 367.; il se contenta seulement de dire à M. de Lavardin qui étoit nommé pour tenir les états[3] « Monsieur, je vous conjure que M. de Sévigné soit député ; » et le lendemain, sur les plaintes du maréchal d’Estrées, cela fut changé : ainsi cette parole est demeurée fort en l’air[4]. Mme de Chaulnes en doit parler à M. de Croissi ; mais ce sera trop tard assurément il y a des gens qui

  1. LETTRE 1217. 1. -- « Ces lettres sont bien plus aimables et mieux écrites que vous ne pensez; vous ne sentez pas vous-même le tour, etc. » (Édition de 1754.)
  2. 2. Dans l’édition de 1737, la phrase commence ainsi : « M. de Chaulnes après, etc. »
  3. 4. « Qui devoit tenir les états. » (Édition de 1754.)
  4. 5. Le duc de Chaulnes ne méritait pas ces reproches. Voyez la lettre du 2 octobre suivant, p. 23