Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/236

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de tout, éclairée sur tout, de la conversation, deux beaux yeux pleins de vivacité, car la figure ne vous est pas indifférente, et enfin du bien pour vous mettre à couvert des caprices de la fortune : voilà ce qui me paroit le plus important pour l’avenir ; car telle que vous la représentez, elle ne vous mettra pas à couvert d’avoir beaucoup d’enfants, et il est à propos que cet avenir paroisse doux, par l’assurance d’un bien qui les fasse subsister avec vous sans peines et sans chagrins : c’est ce que je craignois qui manquât à votre bonheur ; et cette privation se répand et s’étend sur toute la vie. Mais vous me rassurez, et je vous crois, et je suis ravie de votre satisfaction. Je crains qu’elle ne vous empêche de vous donner à Mme de Vins. Je fus bien fâchée de ne point entendre votre nom dans le nombre de ceux qui sont destinés pour M. le duc de Bourgogne. Je l’espérois ; mais enfin, mon cher Monsieur, vous me ferez à loisir un second tome de vos aventures. Vous savez l’intérêt que j’y prends, et la véritable amitié que j’ai toujours eue pour vous. Je n’y ai point perdu de temps, et je n’ai point discontinué pendant que nous avons eu le bonheur de vous avoir : il est vrai aussi que vous avez très-bien répondu à mon estime et à ma confiance, et que vous m’avez rendu mille bons offices, et donné mille marques de votre amitié, dont il me semble que j’ai abusé. Enfin, mon cher Monsieur, conservez-moi dans votre souvenir, et me donnez quelque part dans les bonnes grâces de votre nouvelle épouse. Quoi? vous l’aimez plus que l’autre[1] ? est-il possible ? vous avez une grande capacité d’aimer ! J’ai bien peur que tant de passions ne fassent tort à la nôtre, Monsieur, et d’autant plus que les dernières sont plus fortes que les premières et les effacent entièrement. Je ne laisse pour-

  1. 2. Voyez la fin de la lettre du 18 septembre, p. 212.