M. de Cbàteau-Regnault, M. de Coetlogon, dans le service, ont été préférés ; enfin, que Dieu n’a pas voulu, car nous avons fait de notre côté au delà de ce que nous pouvions[1] et je ne m’amuserai point à haïr des gens que je suis assurée qui en sont aussi fâchés que moi : voilà un chapitre fini.
Que dites-vous de M. de Seignelai, ministre d’Etat à trente-six ans[2] me de Lavardin me mande des merveilles de Mme de Mouci et de son frère[3], qui a défendu à son secrétaire, d’un ton à être obéi, de prendre quoi que ce soit au monde, ni directement, ni indirectement ; et pour l’y disposer plus agréablement, il lui a donné d’entrée de jeu deux mille écus comptant[4], et a augmenté ses appointements, qui étoient de huit cents francs, d’une fois autant ; et à ses autres domestiques à proportion, pour les mettre à couvert de toutes sortes de tentations[5]. Vous m’avouerez, ma fille, que voilà un beau et noble changement, et dont une belle âme, comme celle de ce magistrat, est bien flattée. Mme de Mouci, sa digne sœur, voyant sa dépense et sa table augmentées, lui donna l’autre jour pour douze mille francs de vaisselle d’argent toute neuve, et ne veut pas que son frère la remercie, parce qu’elle dit qu’elle n’en a que faire, et que ce n’est rien du tout. Franchement, ma fille, voilà ce que j’envie, voilà ce qui me touche jusqu’au cœur, de voir des âmes de cette trempe ; c’est faire un bon usage des ri-
- ↑ 4. « Au delà de toutes nos petites forces. » (Édition de 1754.)
- ↑ 5. TI avait trente-huit ans quand il fut déclaré ministre d’État, le 4 octobre 1689. Voyez la Gazette du 8.
- ↑ 6. Achille de Harlay, qui venait d’être nommé premier président. Voyez p. 226, note 28, et la Gazette du 24 septembre.
- ↑ 7. « II lai a donné, en entrant, deux mille écus comptant. » (Édition de 1737.)
- ↑ 8 « Il a traité ses autres domestiques à proportion, afin de les mettre à couvert de toute sorte de tentations. » (Édition de 1754.)
