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que la Bretagne est en faveur cette année. Dieu nous envoie un voyage de Rome à point nommé on n’ose nommer autre chose au Roi que Rome[1], toujours Rome ; que voulez-vous qu’on fasse ? c’est un arrangement de la Providence ; c’est un cruel voyage pour nous, également mauvais pour mon fils et pour ma fille. Voici, ma chère enfant, qui est un peu long et ennuyeux, je le sens ; mais il est dangereux de me mettre en train de parler. Encore un mot[2] Coulanges vous[3] auroit pu dire que ce duc n’a que trop fait ses preuves de bon ami à ses propres dépens, et à l’égard des Coetlogons et de Mme de Guénégaud. Je suis fort bien avec toute cette famille de Coetlogon. Je ne sais si Mejusseaume[4] me voudra étrangler volontairement, mais son frère le comte, sa sœur la religieuse, son neveu l’évéque, et le gouverneur de Rennes, me font mille honnêtetés, et même trop, car la marquise

  1. 19. « On n’ose parler d’autre chose au Roi que de Rome. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  2. 20. Tout ce qui suit, jusqu’à : « Ce duc ne vous a-t-il point écrit de Rome ? » ne se lit que dans notre manuscrit.
  3. 21. Dans notre manuscrit, sans doute par erreur, on lit ici, et douze lignes plus bas, nous, au lieu de vous.
  4. 22. Dans notre manuscrit ce nom est écrit Menisseaume. -- Saint-Simon, tome XVI, p. 289, parle d’un Coetlogon Mejusseaume, syndic des états de Bretagne, qui fut exilé par une lettre de cachet en 1718 ; c’était probablement, de même que celui dont parle ici Mme de Sévigné, Gui, qui fut doyen des conseillers du parlement de Rennes ; il était fils puîné de Louis vicomte de Mejusseaume ; oncle de René-Hyacinthe, le marquis, le gouverneur de Rennes, et de Louis-Marcel, évêque de Saint-Brieuc (1684 à 1705), puis de Tournay (1708 à 1707); frère de Louis vicomte de Loyat (qui porta peut-être comme son petit-fils le titre de comte de Coetlogon), et d’Alain-Emmanuel chevalier de Coetlogon, chef d’escadre le Ier novembre suivant, fait maréchal quelques jours avant sa mort (1730). -- Nous ne trouvons dans l’article de la Chênaye des Bois aucune mention d’une sœur religieuse de Gui. La marquise de Coetlogon, sœur du gouverneur de Rennes, était Péronelle-Angélique de la ̃Vîlleléon, mariée en 1664.