Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/290

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ser son hiver à Avignon ou à quelque autre lieu de Provence, pour jouir de votre beau soleil, et mettre un hiver si gracieux au bout des eaux de Balaruc, comme font bien des gens qui craignent les froids de Paris : vous me renvoyâtes bien loin, et vous me dites que c’étoit lui souhaiter le pis qui lui pùt arriver ; que s’il y demeuroit, ce seroit signe qu’il seroit trop malade pour s’en retourner ; que sans ceja il iroit revoir ses amis et le monde. Dites-moi donc ce qui vous fait croire[1] aujourd’hui qu’il feroit bien de passer l’hiver en Provence ; car pour moi, je suis persuadée comme vous que les eaux de Balaruc n’ayant point fait un trop bon effet, il passera son hiver bien tristement à Paris[2], dans cette petite chambre, avec votre beau portrait, qui ne dit pas un mot, quelque chose qu’on lui puisse dire ; je suis tout à fait de votre sentiment, j’y étois devant vous ; ce sera une grande tristesse pour lui si Dieu veut qu’il soit malade, et qu’il crie les hauts cris. En ce cas, ma chère fille, il doit[3] vous regretter infiniment, car il n’est pas homme qui s’accommode des médiocres consolations[4]: il faut espérer un état plus doux. Pour moi, j’eusse opiné[5] à tâter du climat de Provence, cette année seulement, puisqu’il étoit tout porté. Vous [6]me manderez comme toutes vos séparations se seront faites.

Vous avez Monsieur d’Arles, vous lui avez donné ma

  1. 3. « Ce qui est arrivé qui vous fait croire, etc. » (Édition de 1754.)
  2. 4. « Car pour moi, je suis persuadée que les eaux n’ayant pas trop réussi, il passera bien tristement son hiver à Paris, etc. » (Ibidem.)
  3. 5. « qu’on lui puisse dire ; et je pense que si Dieu veut qu’il soit malade et qu’il crie les hauts cris, en ce cas il doit, etc. » (lbidem.)
  4. 6. « Des consolations médiocres. » (Ibidem.)
  5. 7. plus doux; j’eusse donc opiné, etc. » (Ibidem.)
  6. 8. Cette phrase manque dans l’édition de 1737, ainsi que tout l’alinéa suivant.