Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/307

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Que je suis fâchée, ma fille, de la mauvaise santé de Monsieur le chevalier ! quelle cruauté que cette fièvre ! mon Dieu, que je le plains ! 11 fait bien de ne point venir à Paris dans cet état : que j’y aurois été décontenancée sans vous et sans lui ! votre séjour en Provence a bien assuré le mien ici. Voilà la lettre de Mme de la Fayette, et celle de Mme de Lavardin ; pour celle de Mme de Chaulnes, c’étoit un volume, elle ne finissoit point ; d’autant plus qu’étant persuadée que c’est son absence qui me fait passer l’hiver aux Rochers, au lieu de Rennes, elle met sur elle tout ce qui pourroit m’y arriver ; et elle avoit une si sincère envie de me faire tomber du ciel ces mille écus, qu’elle ne se lassoit point de me conjurer de partir ; mais, ma fille, voilà qui est fait, je me trouve très-bien ici, surtout quand vous êtes à Grignan. On me mande que le pape a assemblé ses amis pour finir l’affaire des franchises avec la France et avec toutes les couronnes.[1] et une autre congrégation pour prendre les moyens de faire la paix générale dans la chrétienté. On croit que le cardinal d’Estrées reviendra, et que le cardinal de. Bouillon pourroit bien demeurer pour les affaires de France. Moi, je crois[2] que Monsieur l’ambassadeur n’est pas près de revenir.

  1. 36. Peu de jours après son exaltation, le pape assembla une congrégation, à laquelle le cardinal de Bouillon fut appelé ; il y prononça un discours très-énergique, dans lequel il déclara qu’il quitterait plutôt Rome que de n’y être pas maître absolu de tous les quartiers ; qu’il était prêt, malgré son grand âge et ses infirmités, à partir pour Vienne, Paris et Madrid, afin de rendre l’Empereur, le roi de France et le roi d’Espagne dociles à la raison. Cependant le pape ne décida rien, et. le second courrier que reçut le duc de Chaulnes apporta « une lettre toute gracieuse du Roi à Sa Sainteté, par laquelle voulant lui donner des marques effectives du desir qu’il avoit de lui plaire, il Se désistoit par ce motif de la prétention de la franchise des quartiers de son ambassadeur.  » (Mémoires de Coulanges, p. 125-149.)
  2. 37. « Moi, je suis persuadée, etc. » (Édition de 1754.) -- A la fin