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de la petite vérole c’est un mal qu’on ne sauroit trop éviter. Vous m’avez donné une telle frayeur* de la bise de Grignan pendant l’hiver, que j’en suis effrayée. Je crois que M. de Grignan se résoudra difficilement à ne point passer ces trois mois à sa bonne ville d’Aix ; mais il faut quelquefois céder à l’impossibilité que cette pensée est triste! et que c’est un grand malheur de se trouver si épuisée, quand on auroit si grand besoin de ne l’être pas! Voilà des objets bien sensibles, et sur quoi je vous souhaite, comme à moi, tout le courage nécessaire. Monsieur le chevalier vous donnera du sien; il en a tant dont sa goutte lui ôte l’usage, qu’il en a de reste, et le doit donner à ses bons amis. Mandez-moi toujours bien tous vos desseins et les siens.

Mme de Chaulnes me mande qu’elle a reçu de vous une fort jolie et fort honnête lettre 7. Mme de Lavardin étoit affligée, Monsieur de Châlons* se mouroit et sa sainte mère étoit abîmée de douleur aux pieds du crucifix. Monsieur de Senlis et Villeneuve et tous les Sanguins sont dans la joie; ils ont notre petite abbaye 10; ils ont donné un prieuré pour ôter la pension 11. Cela leur convient si fort, qu’il me semble qu’elle est moins loin de

4. «Une si terrible idée. » {Édition de 1784-)

5. «.d’Aix il faut quelquefois céder à l’impossibilité; mais que cette pensée, etc. s (Ibidem.)

6. « Et sur lesquels. » (Ibidem.)

7. « Qu’elle a reçu de vous une fort jolie lettre. » (Ibidem.) 8. L’abbé de Noailles, le futur cardinal et archevêque de Paris. Il ne mourut qu’en 1729. Voyez tome V, p. i85, note 9. 9. Ces mots et Villeneuve ne sont pas dans l’édition de 1754. 10. « Le Roi a donné à M. de Livry, pour son oncle Monsieur l’évêque de Senlis, l’abbaye de Livry. Ses enfants sont trop jeunes pour l’avoir. Le Roi s’est fait une loi de ne point donner de bénéfices à personne qui n’eût au moins dix-huit ans. » (Journal de Dangeau. io novembre 1689.)

11. c Pour se libérer de la pension. » (Édition de 1754.)