Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/367

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sur les commissions ; je les fais dans le moment ; et ce n’est pas comme du pauvre Janet, où il n’y a quune lettre de perdue. Ma chère enfant, je vous recommande ces temps difficiles :donnez-vous du repos, si vous m’aimez. Mon fils et sa femme sont revenus, chacun de leur côté ; ils me paroissent si aises de me retrouver ici, que c’est eux que je plains de m’avoir quittée. Ma belle-fille a mal à la tête, elle a versé dans son petit voyage, elle s’est cognée, et deux de ses belles juments, qu’on avoit dételées, se sont échappées ; on ne sait encore où elles sont ; mon fils en est en peine voilà un petit ménage affligé. Ils vous parleront mercredi.

1245. DE MADAME DE SÉVIGNÉ, DE CHARLES DE SÉVIGNÉ ET DE LA JEUNE MARQUISE DE SÉVIGNÉ A MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, ce mercredi 21è décembre.

DE MADAME DE SÉVIGNÉ[1]1.

JE recommence, ma chère Comtesse, à l’endroit où je vous quittai dimanche. Les belles petites juments étoient échappées, elles coururent longtemps, comme fait la jeunesse quand elle a la bride sur le cou. Enfin l’une se trouve à Vitré, l’autre dans une métairie ceux de Vitré furent étonnés de voir la nuit cette petite créature, tout échauffée, toute harnachée, et vouloient lui demander des nouvelles de mon fils. Vous souvient-il du cheval de Rinaldo, qu’Orlando trouva courant avec son harnois,

  1. LETTRE 1245. 1. --Tout le commencement de la lettre, jusqu’à la reprise de Mme de Sévigné : « Coulanges m’a écrit, etc. » manque dans l’édition de 1737.