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sans son -maître? Quelle douleur ! il ne savoit à qui en demander des nouvelles ; enfin, il s’adresse au cheval : Dimmi, caval gentil, ch’è di Rinaldo ? Il tuo caro signor, ch’ê divenuto[1] ?

Je ne sais pas bien ce que Rubicano répondit; mais je vous assure que les deux petites bêtes sont dans l’écurie fort gaillardes, au grand contentement del caro signore.

DE CHARLES DE SÉVIGNÉ.

IL est vrai que c’est un assez grand contentement que ces deux petites juments soient en bonne santé dans l’écurie ; et plus grand encore que votre belle-soeur, après avoir eu deux jours la tête fort étonnée, soit aussi tout à fait remise de sa chute : ces petits accidents sont bons pour faire sentir le bonheur d’en être sorti. Je trouve, ma très-belle petite sœur, que vous n’êtes pas assez touchée de la grâce que le Roi vous a faite de vous donner

  1. 2. Dis-moi, gentil cheval, qu’est-il advenu de Renaud ? ton cher maître, qu’est-il devenu? » -- Dans l’édition de 1754, la seule qui nous ait conservé ce commencement, la fin de la citation est ainsi : …..caro signore, ché divenuto. -- C’est un souvenir, peu exact pour le second vers, du Roland amoureux de Boiardo, refait par Berni. On lit dans le XIX chant du livre 1 (stance 19 du texte primitif de Boiardo) Deh, dimmi, buon destrier, ov’è Rinaldo Ov'ene il tuo signor Berni a ainsi modifié ces vers : Dimmi, caval gentil, ch'è di Rinaldo ? Dove sta il signor tuo ? non mi mentire. Au reste, ces vers ne s’adressent pas à Rabicano (Mme de Sévigné, ou du moins Perrin, écrit Rubicano, sans doute à cause du français Rubican). Rabicano est le cheval d’Argalia, que Renaud trouve par hasard et qu’il monte pendant quelque temps ; mais ce n’est point lui, c’est Bayard, que Roland rencontre et qu’il interroge ainsi au sujet de Renaud son maître.