Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/392

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chose à faire, il ne penseroit pas à quitter ; et l’on voit qu’il dit vrai, il n’y a rien à rabattre, rien n’est encore corrompu dans son cœur : tous ses sentiments sont tout neufs[1], toutes ses paroles ont leur force, la vérité règne dans tout ce qu’il dit[2] nous ne pourrions[3] assez louer cette lettre, que je vous garderai soigneusement, ni assez estimer et approuver celui qui l’a écrite. Il croyoit Monsieur son père à Lambesc, sans cela je le gronderois de ne lui rien dire[4]. Je le crois à Paris, où j’ai fort envie de savoir comme il se gouvernera, et encore plus à Versailles. Ah, mon Dieu! voilà, voilà où son cher oncle[5] seroit bien nécessaire mais Dieu ne le veut pas; jamais une goutte n’a été si violente ni si cruelle[6] quelle tristesse ! n’a-t-il pas raison de regretter tout ce qu’il fait perdre à sa famille[7] ? car il n’est pas inhumain ; quelle patience pour souffrir sans cesse des maux insupportables, que vous ne sauriez comparer qu’à ceux de l’enfer, mais qui sont bien propres à mériter le paradis, s’ils sont regardés comme donnés par celui qui est le maître de toutes choses, et à qui nous devons être soumis<ref>! La fin de l’alinéa, à partir d’ici, se lit seulement dans notre manuscrit. C'est une de mes tristes pensées que l'état de ce pauvre garçon. Qu’il a bien fait de choisir la demeure de Grignan pour être malade,

  1. 17. « Sont neufs. «  (Édition de 1754.)
  2. 18. Ce membre de phrase : « la ̃vérité, etc.,» n’est pas dans l’édition de 1754.
  3. 19. « Nous ne saurions.  » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  4. 20. Cette phrase ne se lit que dans notre manuscrit.
  5. 21. « Ah, mon Dieu! voilà où le cher oncle, etc. » (Édition de 1737.)-- Ah, mon Dieu !voilà où ce cher oncle, etc. (Édition de 1754.)
  6. 22. « Et si cruelle. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  7. 23. « Tout ce qu’il perd et ce qu’il fait perdre à sa famille. » (Ibidem.)-- L’édition de 1754 n’a pas le petit membre de phrase qui suit, et reprend : « et quelle patience, etc.»