Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/429

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soleil aura toujours beaucoup de considération pour son atome; que vous verrez toujours en lui le fils de son père ? et un homme à qui votre mère est fort obligée. Votre frère ne voit de vos lettres que les endroits que je veux bien lui montrer : je n’ai qu’à lui dire : « II n’y a rien qui vous puisse divertir[1] » il n’y pense plus. Sa femme est encore à Rennes, prisonnière à cause des grandes eaux ; elle en est au désespoir. Nous ne comparons point notre soleil au vôtre, nous savons notre degré, et que vos jours ne sont ni si longs, ni si courts que les nôtres. Adieu, ma chère belle: il me semble que vous savez, que vous sentez combien je vous aime, et que je ne dois point vous le dire : cependant on ne peut quelquefois s’en empêcher.

1257. DE MADAME DE SÉVIGîrâ ET DE CHARLES DE SÉVIGNÉ A MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, dimanche 22e janvier.

DE MADAME DE SÉVIGNÉ.

Mon Dieu, que votre état est violent! qu’il est pressant et que j’y entre tout entière avec une véritable douleur Mais, ma fille, que les souhaits sont foibles et fades, dans de pareilles occasions et qu’il est inutile de vous dire que si j’avois encore, comme j’ai eu, quelque somme portative qui dépendît, de moi, elle seroit bientôt à vous ! Je me trouve en petit volume accablée et menacée de mes petits créanciers, et je ne sais même si je pour.

  1. 9 Ces mots se trouvent déjà dans la lettre du 4 décembre précédent, où l’édition de 1754, qui est notre seule source pour cette lettre-ci, donne une variante que nous avons indiquée p. 337, note 1, et que nous aurions peut-être mieux fait d’adopter comme la vraie leçon.