Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/435

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valoit bien la peine d’être entretenu, plutôt que d’en faire de nouveaux. Mandez-moi quand vous aurez trouvé un marchand pour votre compagnie. Vous dites que vous ne savez point de nouvelles : la marquise d’Uxelles n’écrit-elle pas toujours à M. de la Garde?

1258. -- DE MADAME DE SÉVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, mercredi 25è janvier.

Que je vous plains, mon enfant, de lire de si mauvaises choses ! Je vous plaindrois encore plus, si vous les reteniez ; il seroit beau que vous fissiez comme à SainteMarie[1]. J’ai su que les deux juments de M. de Sévigné avoient couru les champs[2]; cela nous avertit qu’il ne faut point laisser de jeunes personnes la bride sur le cou ; sœur Pauline, voilà votre fait. J’ai appris que le soleil se coucha dans un furieux nuage le 24è de décembre (chose étrange !), et que le brouillard fut fort épais[3]; cela nous avertit, mes sœurs, qu’il ne faut point se promener en cette saison. Voilà ce qui me revient dans l’esprit de cette belle lecture, et toute la morale qu’on en peut tirer.

Je trouve qu’il y a de l’aveuglement à votre goût; le mien est plus juste, quand j’aime votre style : on peut dire, sans vous louer fadement, qu’il est parfaitement bon, et que personne ne sauroit mieux écrire : je m’y connois, et n’en dis pas davantage, à cause de vos menaces. Vous m’avez jeté fort à propos vos vers à la tête,



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  1. LETTRE 1258. -- 1. Voyez tome II, p. 107 et note 14.
  2. 2. Voyez les lettres des 18 et 21 décembre 1689, p. 36l, et p. et 362.
  3. 3. Voyez la lettre du 28 décembre 1689, p. 373.