Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/460

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m’en donner quelque idée? aidez-nous enfin, ma belle petite sœur, en ce que vous pourrez à cet égard.

DE MADAME DE SÉVIGNÉ.

Vous voyez que je n’ai point exagéré l’entêtement de mon fils ; il vous le dit lui-même. Je suis assez curieuse aussi de savoir où étoit M. de la Garde : étoit-il couché? faisoit-il scrupule de voir cette comédie ? il est pourtant le premier admirateur de Pauline. Pour ce portrait que mon fils demande avec tant d’empressement, je vous conseille de ne rien forcer; ce sera quand vous irez à Paris ou à Aix ; la mesure sera celle du vôtre de Ferdinand[1]; il figureroit avec celui de Mme d’Enrichemont[2]. Je trouve le pauvre marquis chargé de toutes les affaires de la maison : j’aurois eu peur qu’il ne les mît à terre, sans l’assistance de Vaille[3], qui connoît tout le monde, qui le soulagera et le conduira fort bien chez les ministres ; il lui aideroit bien aussi à vendre sa compagnie : c’est un vrai secours que celui d’un tel homme. Enfin, ma fille, tout réside, comme vous dites, sur une tête de dix-huit ans, pendant que toutes les autres, qui sont en quantité, sont incapables d’agir par différentes raisons : Dieu le veut ainsi. Ce sera une chose fâcheuse si le marquis ne peut aller à Grignan, et y puiser à la source de tous les bons conseils, dont il n’est pas possible qu’il n’ait besoin. J’ai une grande attention à toute cette suite, et à la réponse qu’on vous fera de la cour : je ne sais si je m’en souviens, mais il me semble que cette proposi-

  1. 3. « Dans la belle collection d’Odieuvre il y a un portrait de Mme de Grignan par Ferdinand, celui qui a peint Ninon il est grayé par Pinssio. » (Walckenaer, tome V, p. 454-)
  2. 4. Voyez tome VIII, p. 365, note 14.
  3. 5. Il a déjà été parlé de Vaille, à l’occasion du procès. Voyez tome VIII, p. 522.