Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/461

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tiôn ne plaisoit point. Quoi ? M. d’Aiguehonne veut encore être battu ! ce seroit le dernier degré de gloire pour le marquis, si ce coup de grâce lui étoit destiné. Il faudroit en ce cas faire figurer le bon Rochon avec Vaille ; mais je ne crois point que M. de Lamoignon vous fasse prendre ce parti ; il vous conseillera des lettres d’État[1], jusqu’à ce que vous veniez vous-même achever ce que vous avez si bien commencé : voilà mon opinion. En tout cas, mandez-moi bien sincèrement vos desseins, ils sont pour moi de la dernière importance.

Je vous gronde de vous inquiéter quand mes lettres n’arrivent pas à point nommé : pourquoi croyez-vous plutôt que je suis malade, que de comprendre que toutes les rivières sont débordées ? Tout l’hôtel de la Rochefoucauld[2] est délogé, persécutés par l’eau, après l’avoir été par le feu ; tout ce bas étage est un étang. L’eau est dans notre rue jusque chez M. le Jais.[3] Ainsi, ma fille, il faut s’étonner quand les courriers arrivent. Mais vraiment tout ce que vous me dites là-dessus est si tendre, si naturel, si plein d’amitié  ; il y a un caractère de vérité dans toutes vos paroles si touchant pour moi, qu’après vous avoir voulu corriger de vos inquiétudes, je suis contrainte de vous avouer que j’y trouve un plaisir bien sensible. Je ne sais pourquoi vous ne voulez faire aucun usage de la proposition de Bourbilly[4]. J’entends la délicatesse de votre amitié; mais bien loin d’avoir quelque chose de funeste et qui vous fasse penser à l’avenir, cela me feroit une vraie satisfaction en me faisant jouir

  1. 6. Voyez tome VIII, p. 522, note 9.
  2. 7. Sur cet hôtel et l’incendie qui y avait récemment éclaté, voyez les lettres du 24 et du 28 décembre précédents, p. 371 et 377.
  3. 8. Était-ce Nicolas le Jai, sieur de la Maison-Rouge, conseiller à Ia troisième chambre des enquêtes ?
  4. 9. Voyez la lettre du 32 janvier précédent, p. 427.