Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/534

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Vous lisez les épîtres de saint Augustin[1], ma chère bonne ; elles sont très-belles, très-agréables, et vous apprendront bien des nouvelles de ces temps-là. J’en ai lu plusieurs ; mais je les relirai avec plus de plaisir que jamais, après avoir lu l’histoire de l’Église des six premiers siècles. Je connois très-particulièrement tous ceux à qui elles s’adressent ; et Paulin, évêque de Nole[2], est tout à fait de mes amis. Il eut de grands haut et bas dans sa vie, et mérita et démérita l’amitié et l’estime de saint Augustin. Il vécut saintement avec sa femme, étant évèque, et vous le verrez dans ces épîtres. Il est vrai, ma bonne, que saint Augustin l’aime trop, et joue et subtilise sur l’amitié, d’une manière qui pourroit ne pas plaire, si on n’étoit amie de M. du Bois; mais ce saint avoit une si grande capacité d’aimer, qu’après avoir aimé Dieu de tout son cœur, il trouvoit encore des restes pour aimer Paulin et Alipe [3], et tous ceux que vous voyez. Je cacherai ce que vous me dites à mon fils ; il en abuseroit, et s’il avoit la bride sur le cou, il iroit trop loin ; car après tout, notre saint évêque est une des plus brillantes lumières de l’Église. A propos, voilà quatre vers qu’on a mis au-dessous du portrait de M. Ar.[4]. Mon fils les a

    Si tant de mères se sont tues, Que ne vous taisez-vous aussi ?

  1. 10. Les Lettres de saint Augustin traduites en françois sur l'édition nouvelle des Pères bénédictins de Saint-Maur……Paris, Coignard, 1684, 2 volumes in-folio. L’Achevé d’imprimer est du premier jour de juillet 1684. -- Voyez sur du Bois, le traducteur de ces lettres, ci-dessus, p. 434> note 5.
  2. 11. Né à Bordeaux en 353; mort à Noie en 431.
  3. 12. Voyez les Confessions de saint Augustin, livre VI, chapitre VII. -- Dans l’édition de 1814, où cette lettre a paru d’abord, on avait changé le nom d’Alipe, très-lisible pourtant dans l’autographe, en celui d'Aspe.
  4. l3. Évidemment Arnauld, qui alors était retiré à Bruxelles. Mme de Sévigné veut parler sans aucun doute de ces quatre vers latins de Santeul, qui se trouvent à la p. 418 de la première édition de ses