Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/66

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ne veut point me mettre à terre[1]; elle comprend cependant le besoin que j’ai d’être aux Rochers. Je vous manderai quand j’irai à Nantes, et mon fils à la tête de sa noblesse.[2] Toute mon attention est de me ranger promptement contre la muraille pour laisser passer quelques lettres de change à Beaulieu, qui aura soin de contenter les plus altérés : j’ai besoin en petit volume de ce rafraîchissement, comme les grands vaisseaux. Vous voulez que je vous parle de mes affaires, ma chère enfant : voilà où j’en suis, voilà mes desseins, je n’ai encore rien fait ; je prendrai des mesures avec l’abbé Charrier pour Nantes.

Monsieur le chevalier donnera ordre à toutes vos affaires les plus pressantes avant que de partir. Je prends part à la joie que vous aurez de lé voir, et au soulagement que je suis sûre qu’il recevra des eaux de Balaruc. M. de Grignan reviendra triomphant, et ne méritera pas d’être jeté par ces balustres emportés, qui font des brèches si propres au dessein que vous aviez.[3] Mais voulez-vous toujours être la dupe de cette dépense ? c’est la trois ou quatrième fois que la bise[4] vous fait de ces méchants tours. Vous m'aviez fait peur : je croyois qu’elle vous avoit emporté[5] tous les arbres, et par con-

  1. 5. C'est sans doute une allusion à la première scène du Médecin malgré lui: "MARTINE. J’ai quatre pauvres petits enfants sur les bras. SGANARELLE. Mets-les à terre. »
  2. 6. Et que mon fils sera à la tête de sa noblesse. (Édition de 1754.) La fin de l’alinéa, à partir d’ici, manque dans l’édition de 1737, qui commence ainsi l’alinéa suivant : Je prends part à la joie que vous aurez de voir Monsieur le chevalier, et au soulagement, etc. »
  3. 7. Ce dernier membre de phrase : « qui font, etc » manque encore dans l'édition de 1737.
  4. 8. « Songez que voici déjà plusieurs fois que la bise, etc. (Edition de 1754)
  5. 9. « Qu'elle avait emporté. » (Ibidem)