Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/78

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vous faire voir qu’un homme qui dit « Monsieur, si je me suis trompé, cela est aisé à réparer, » ne peut jamais avoir tort[1]. et si j’avois pu vous le persuader et vous ôter l’horrible opinion que vous aviez, n’aurois-je point fait une chose chrétienne et honnête ? et si vous aviez cru aussi facilement cette vérité que vous avez cru des visions, ne m’auriez-vous pas donné une véritable joie ? mais vous ne m’avez dit un seul mot là-dessus ; j’en suis tout affligée.

L’autre chapitre, c’est sur notre maison vous êtes toujours fâché quand on paye ; vous avez raison, parce qu’on ne fait aucune réparation ; mais vous voyez bien, Monsieur, que c’est un chagrin attaché à cette maison. Si vous ne l’obtenez pas de M. de Gilliers[2], les belles dames l’obtiennent encore moins ; il faut donc souffrir ce chagrin, ou renoncer à cette maison. Ce n’est plus à lui que nous payons, c’est à des créanciers qui après six mois ne me donneront pas de patience ; et puis en serions-nous mieux quand nous laisserions accumuler de grosses sommes ? Voilà ce que j’avois à vous répondre sur quoi je suis persuadée que ma fille et vous donnerez vos ordres pour le commencement du mois qui vient.

Vous me demandez à la fin de votre lettre un peu d’amitié j’en ai beaucoup, Monsieur, avec une très-parfaite estime, comme vous la méritez mais voyez à quoi cela

  1. 5. le texte est altéré dans le manuscrit. On y lit : « qu"un homme qui dit… Ne peut-on jamais avoir tort ? » Il est possible qu’il y ait quelques mots sautés. Nous nous sommez arrêtés à la conjecture qui demandait le moins de changements.
  2. 7. Serait-ce celui, ou un fils, un parent de celui sur lequel Dangeau, au 27 janvier 1686, donne le renseignement suivant : « Le Roi a donné une pension de mille écus â Gillier, conseiller au parlement, nouveau converti ? L’État de la France de 1689 n’a point, dans la liste du parlement, de conseiller de ce nom. »