Page:Sévigné - Lettres choisies, Didot, 1846.djvu/226

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Je lui ai fait une petite visite, je l’enverrai quérir l’un de ces jours pour dîner avec moi. Je soupai l’autre jour avec Manicamp et avec sa sœur la maréchale d’Estrées. Elle me dit qu’elle irait voir notre Rabutin au collège. Nous parlâmes fort de vous elle et moi. Pour Manicamp et moi, nous ne finissions point, en quelque endroit que nous soyons ; mais d’un souvenir agréable, vous regrettant, ne trouvant rien qui vous vaille, chacun de nous redisant quelque morceau de votre esprit ; enfin vous devez être fort content de nous. Adieu, mon cher cousin ; mille compliments, je vous prie, à madame votre femme ; elle m’a écrit une très-honnête lettre, mais j’ai passé le temps de lui faire réponse. Me voilà dans l’impénitence finale ; j’ai tort, je ne saurais plus y revenir ; faites ma paix. Je ne sais si vous savez que les maréchaux d’Humières et de Bellefonds sont exilés pour ne vouloir pas obéir à M. de Turenne, quand les armées seront jointes.


98. — DE Mme DE SÉVIGNÉ À Mme DE GRIGNAN.

À Paris, mercredi 27 avril 1672.

Je m’en vais faire réponse à vos deux lettres, et puis je vous parlerai de ce pays-ci. if. de Pomponne a vu la première, et je lui ferai voir encore une grande partie de la seconde : il est parti ; ce fut en lui disant adieu que je lui montrai votre lettre, ne pouvant jamais mieux dire que ce que vous écrivez sur vos affaires : il vous trouve admirable ; je n’ose vous dire à quel style il compare le vôtre, ni les louanges qu’il lui donne ; enfin il m’a fort priée de vous assurer de son estime, et des soins qu’il aura toujours de tout ce qui pourra vous le témoigner : il a été ravi de votre description de la Sainte-Baume, il le sera encore davantage de votre seconde lettre. On ne peut pas mieux écrire sur cette affaire, ni plus nettement ; je suis très-assurée que votre lettre obtiendra tout ce que vous souhaitez ; vous en verrez la réponse ; je n’écrirai qu’un mot, car en vérité, ma bonne, vous n’avez pas besoin d’être secourue dans cette occasion ; je trouve toute la raison de votre côté ; je n’ai jamais su cette affaire par vous, ce fut M. de Pomponne qui me l’apprit comme on la lui avait apprise : mais il n’y a rien à répondre à ce que vous m’en écrivez, il aura le plaisir de le lire. L’évêque {de Marseille) témoigne en toute rencontre qu’il sera fort aise d e se raccommoder avec vous : il a trouvé ici toutes choses assez bien disposées pour lui faire souhaiter une réconciliation dont il se fait