Page:Sévigné - Lettres choisies, Didot, 1846.djvu/28

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et je m’en suis défaite. Vos lettres font tout le bruit qu’elles méritent, comme vous voyez ; il est certain qu’elles sont délicieuses, et vous êtes comme vos lettres. » Il était difficile que la correspondance de madame de Sévigné, dont plusieurs échantillons avaient eu ainsi dans le grand monde une sorte de publicité de son vivant, demeurât ignorée après sa mort. Ce que la société de son temps avait vu de ses lettres avait fait trop de bruit pour que sa famille ne les conservât pas avec un soin religieux, et pour que le publie oubliât quel dépôt avait dû rester entre les mains de ses héritiers et n’en désirât point la publication.

Le premier recueil de lettres de madame de Sévigné parut en 1726, par les soins de l’abbé de Bussy, fils cadet du comte de Bussy, auquel madame de Simiane avait remis des copies d’un assez grand nombre des manuscrits de son aïeule. Cette édition fut reproduite plusieurs fois : elle était encore très-incomplète. En 1754 il en parut une autre, dont l’éditeur fut le chevalier de Perrin, ami de madame de Simiane. La famille de madame de Sévigné n’avait point autorisé l’édition de l’abbé de Bussy : elle donna son autorisation au nouvel éditeur, entre les mains duquel elle remit les originaux de toutes les lettres déjà connues, et de celles qui ne l’étaient pas encore. Mais comme certains passages des premières éditions avaient soulevé beaucoup de plaintes de la part des familles sur lesquelles madame de Sévigné révélait des détails peu honorables, madame de Simiane chargea M. de Perrin d’y faire des modifications et quelques retranchements. Elle voulut en outre qu’il prît soin d’arranger tous les passages d’où l’on pouvait tirer des conjectures fâcheuses sur le caractère de madame de Grignan, sa mère. Ce double vœu fut docilement exécuté. Il est résulté de là que l’édition de 1754, plus complète que les précédentes, et qui, de plus, a sur elles l’avantage d’avoir été dressée d’après les originaux, est cependant moins fidèle. C’est ce que n’ont pas aperçu tous les éditeurs qui se sont succédé depuis 1754 jusqu’en 1806, et qui tous ont reproduit exactement, sauf quelques additions, le travail du chevalier de Perrin. Le mérite de la dernière édition, celle de M. de Monmerqué, est d’offrir un contrôle du travail de M. de Perrin par celui des éditeurs antérieurs, qui ne sont qu’incomplets et rarement infidèles, et une nouvelle révision du texte sur tous les origi-

    aller faner dans la prairie des Rochers. Cette lettre est fort jolie, mais un peu tournée.