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C’est Langlée : et moi, ma fille, je vous dis, pour être à la mode, C’est Langlée.


182. — DE Mme DE SÉVIGNÉ À MmeDE GRIGNAN.

À Livry, mercredi 25 novembre 1676.

Je me promène dans cette avenue, je vois venir un courrier. Qui est-ce ? c’est Pomier ; ah, vraiment ! voilà qui est admirable. Et quand viendra ma fille ? — Madame, elle doit être partie présentement. — Venez donc que je vous embrasse. Et votre don de l’assemblée ? — Madame, il est accordé. — À combien ? — À huit cent mille francs. Voilà qui est fort bien, notre pressoir est bon, il n’y a rien à craindre, il n’y a qu’à serrer, notre corde est bonne. Enfin, j’ouvre votre lettre, et je vois un détail qui me ravit. Te reconnais aisément les deux caractères, et je vois enfin que vous partez. Je ne vous dis rien sur la parfaite joie que j’en ai. Je vais demain à Paris avec mon fils ; il n’y a plus de danger pour lui. J’écris un mot à M. de Pomponne, pour lui présenter notre courrier. Vous êtes en chemin par un temps admirable, mais je crains la gelée. Je vous enverrai un carrosse où vous voudrez. Je vais renvoyer Pomier, afin qu’il aille ce soir à Versailles, c’est-à-oMre à Saint-Germain. J’étrangle tout, car le temps presse. Je me porte fort bien ; je vous embrasse mille fois, et le f rater aussi.


183. — DE Mme DE SÉVIGNÉ À Mme DE GRIGNAN.

À Paris, dimanche au soir 15 décembre 1676. •

Que ne vous dois-je point, ma chère enfant, pour tant de peines, de fatigues, d’ennuis, de froid, de gelée, de frimas, de veilles ? Je crois avoir souffert toutes ces incommodités avec vous ; ma pensée n’a pas été un moment séparée de vous, je vous ai suivie partout, et j’ai trouvé mille fois que je ne valais pas l’extrême peine que vous preniez pour moi, c’est-à-dire par un certain côté ; car celui de la tendresse et de l’amitié relève bien mon mérite à votre égard. Quel voyage, bon Dieu ! et quelle saison ! vous arriverez précisément le plus court jour de l’année, et par conséquent vous nous ramènerez le soleil. J’ai vu une devise qui me conviendrait assez ; c’est un arbre sec, et comme mort, et autour ces paroles : Fin che sol ritorni. Qu’en dites-vous, ma fille ? Je ne vous parlerai donc point de votre voyage, nulle question là-dessus ; nous tirerons le rideau sur vingt jours d’extrêmes fatigues, et nous tacherons de donner