Page:Sévigné - Lettres choisies, Didot, 1846.djvu/537

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core sgus vos lois ; un an n’aura guère changé cette noce. Ditesmoi comment le chevalier {de Grignan) marche, et comme ce comte (M. de Grignan) se trouve de sa fièvre. Ma chère bonne, Dieu vous conserve parmi tant de peines et de fatigues ! Je vous baise des deux côtés de vos belles joues, et suis entièrement à vous ; et le Bien bon, il est ravi que vous aimiez sa maison. Je baise la belle cTAlerac et mon marquis. Comment M. du Plessis est-il avec vous ? Dites- m’en un mot.

Mon fils et sa femme vous honorent et vous aiment, et je conte souvent ce que c’est que cette madame de Grignan. Cette petite femme dit : « Mais, madame, y a-t-il des femmes faites comme cela ? »


253. — DE Mme DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY.

Aux Rochers, ce 22 juillet 1685.

Croiriez-vous bien, mon cher cousin, que je n’ai reçu que depuis quatre jours le livre de notre généalogie, que vous me faites l’honneur de me dédier par une lettre trop aimable et trop obligeante ? Il faudrait être parfaite, c’est-à-dire n’avoir point d’amourpropre, pour n’être pas sensible à des louanges si bien assaisonnées. Elles sont même choisies et tournées d’une manière que, si l’on n’y prenait garde, on se laisserait aller à la douceur de croire en mériter une partie, quelque exagération qu’il y ait. Vous devriez, mon cher cousin, avoir toujours été dans cet aveuglement, puisque je vous ai toujours aimé, et que je n’ai jamais mérité votre haine. N’en parlons plus, vous réparez trop bien tout le passé, et d’une manière si noble et si belle, que je veux bien présentement vous en devoir le reste. Ma fille n’a pas eu le livre entre les mains, sans se donner le plaisir de le lire ; et elle s’y est trouvée si agréablement, qu’elle en a sans doute augmenté l’estime qu’elle avait de vous et de notre maison, comme j’en redouble aussi de tout mon cœur mes remercîments. Mon fils n’est pas si content, vous le laissez guidon, sans parler de la sous-lieutenance qui l’a fait commander en chef quatre ans la compagnie des gendarmes de monseigneur le Dauphin ; et comme cette première charge l’a fort longtemps ennuyé, il a soupiré en cet endroit, croyant y être encore. Sa femme est d’une des bonnes maisons de Bretagne, mais cela n’est rien.

Venons à nos Mayeul et à nos Amé. En vérité, mon cher cousin, cela est fort beau ; ce sont des vérités qui font plaisir. Ce n’est

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