2 PRÉFACE. réputation de ses serviteurs, et il ne retranche pas pour un péché coupable la portion journalière de ses esclaves,
Vers. — « O ètre généreux, qui tres de ton trésor in- visible (4) la nourriture du gucbre et du chrétien , comment en frustrerais-tu tes amis, toi qui as de la sollicitude pour tes cnnemis (2)? »
Dieu a ordonné au vent du matin, semblable à un ta- pissier, d'étendre un tapis d'émeraudes, il a commandé à la nuée du printemps, telle qu’une nourrice, de nour- rir les tendres plantes dans le sein de la terre. 11 a cou- vert les arbres d’un habit de verdure, comme d'un ki- lat (vêtement d'honneur) du jour de l’an(3); et, à l’arrivée
(1) Khizänéi ghaih. Liltér. : « Le trésor du mystère. » On dit aussi simplement gab, et en aralx alcaoun, mot qui est souvent employé par Jbn Batoutah, avec le sens de richesses surnaturelles. Cf. mon Histoire des Kkans mongols du Turkistan, eic., p. 58, note 1, le Journal des Savants, 1829, p. 481, et le vers 243 du chapitre 2 du Bostän (p. 77 de l'édition de 1828).
(2) Notre auteur a dit, dans un autre ouvrage : « Mais le sou- verain de tous les êtres ne ferme sur personne, pour eause de déso- béissance, la porte de ses bienfaits. La surface de la terre est la nappe qu'il étend pour tout le monde; sur cette table Hvrée au pillage, quelle différence y a-t-il entre l'ami et leunemi? » Boslän, vers 13 et 14.
(3) On sait que les Persans, depuis une haute antiquité, cé- lébrent le commencement d'une nouvelle année au moment où le soleil entre dans le signe du Bélier, c’est-à-dire à Péquinoxe vernal, quoique leurs années Soient Junaires et ne puissent, par conséquent, recommencer à une époque fixe : mais, comme dit Chardin (Voyages, édition de 1723,t. IX, p. 258), « c'est parce que €e jour est comme le renouvellement de la nature, chaque chose reprenant une non- velle vie par lPapproche du soleil. » Voyez encore Chardin, € 11, p. 279, 280 et suiv. « Les Persans, ajoute-tal, entre autres aoms qu'ils donnent à cette fête, Pappellent Ja fete des habits neufs,
