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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


point qu’il n’y avait pas un jeune libertin de l’endroit s’amusant avec une fille, auquel ce coquin ne fît aussitôt un procès criminel, et le décret et la sentence et l’exil et toutes les platitudes que ces drôles-là ont toujours dans la bouche ; eh bien, monsieur, notre docteur, cet homme universel qui a déjà eu l’honneur de vous médicamenter en dix-huit saignées et trente-deux médecines, lui a rendu la tête aussi saine que s’il n’eût jamais jugé de sa vie. Mais tenez, continua La Brie en se retournant au bruit qu’il entendait, on a bien raison de dire qu’on ne parle pas plutôt d’une bête qu’on en voit le poil… ne le voilà-t-il pas qui vient lui-même. — Eh, bonjour, cher docteur, dit la marquise en voyant arriver Delgatz, en vérité je crois que jamais nous n’eûmes autant besoin de votre ministère ; notre cher ami le président a eu hier au soir un petit dérangement de tête qui lui a fait prendre malgré tout le monde cette négresse au lieu de sa femme. — Malgré tout le monde, dit le président, quoi réellement on s’y est opposé ? — Moi-même le premier et de toute ma force, répondit La Brie, mais monsieur y allait si vigoureusement que j’ai mieux aimé le laisser faire que de m’exposer à être maltraité par lui ; et là-dessus le président se frottant la tête commen-