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LE TALION


Un bon bourgeois de Picardie, le descendant peut-être d’un de ces illustres troubadours des bords de l’Oise ou de la Somme, et dont l’existence engourdie vient d’être retirée des ténèbres depuis dix ou douze ans par un grand écrivain du siècle ; un brave et honnête bourgeois, dis-je, habitait la ville de Saint-Quentin, si célèbre par les grands hommes qu’elle a donnés à la littérature, et l’habitait avec honneur, lui, sa femme et une cousine au troisième degré, religieuse dans un couvent de cette ville. La cousine au troisième degré était une petite brunette à yeux vifs, à minois fripon, à nez retroussé et à taille svelte ; elle était affligée de vingt-deux ans et religieuse depuis quatre ; sœur Pétronille, c’était son nom, avait de plus une jolie voix, et beaucoup plus de tempérament que de religion. Quant à M. d’Esclaponville, ainsi se nommait notre bourgeois, c’était un bon gros réjoui d’environ vingt-huit