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LE MARI PRÊTRE
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était là, il ne s’agit que de faire comme moi, il ne s’agit pas de célébrer, ni de consommer le sacrifice. — Allons, dit Rodin, j’agirai, soyez tranquille. — Bon, dit Gabriel s’enfuyant, et laissant son ami bien recommandé au sacristain… comptez sur moi, mon cher, avant deux heures je suis à vous ; et le moine enchanté s’échappe.

On imagine bien qu’il arrive en hâte chez madame la viguière ; surprise de le voir, le croyant avec son mari, elle lui demande raison d’une visite aussi imprévue. — Dépêchons, ma chère, dit le moine essoufflé, dépêchons, nous n’avons qu’un instant à nous… un verre de vin et à l’ouvrage. — Mais mon mari ? — Il dit la messe. — Il dit la messe ? — Eh oui mort-bleu, eh oui, mignonne, répond le carme, en culbutant Mme Rodin sur son lit, oui, chère âme, j’ai fait un prêtre de votre mari et pendant que le coquin célèbre un mystère divin, hâtons-nous d’en consommer un profane… Le moine était vigoureux, il était difficile de lui résister quand il empoignait une femme : ses raisons d’ailleurs étaient si démonstratives, il persuade Mme Rodin, et comme il ne s’ennuyait pas de convaincre une petite friponne de vingt-deux ans à tempérament provençal, il renouvelle plus d’une fois ses