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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


des petites poupées de votre sorte, vous l’avez bien vu, on s’en sert comme d’une rose, on les respire et on ne les flétrit pas ; adieu, ma belle, ne nous boudons point de toute façon, vous voyez bien que je peux encore vous être utile. Je jetai un coup d’œil d’horreur sur cette créature, et sortis promptement sans lui répondre ; je repris Julie chez ma tante, comme j’avais coutume de faire, et je rentrai à la maison.

Je n’avais plus de moyen de rien faire dire à M. de …, nous voyant trois fois de la semaine, nous n’étions pas dans l’usage de nous écrire, il fallut donc attendre l’époque du rendez-vous… Qu’allait-il me dire… que lui répondrais-je ? lui ferais-je un mystère de ce qui s’était passé, il n’y avait-il pas le plus grand danger dans le cas où cela vînt à se découvrir, n’était-il pas bien plus prudent de lui tout avouer ?… Toutes ces différentes combinaisons me tenaient dans un état d’inquiétude inexprimable. Enfin je me déterminai à suivre le conseil de la Berceil, et bien sûre que cette femme était la première intéressée au secret, je me résolus à l’imiter et à ne rien dire… Eh juste ciel, de quoi me servaient toutes ces combinaisons, puisque je ne devais plus revoir mon amant et que la foudre qui allait éclater sur ma tête, étincelait déjà de toutes parts !