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rent aux sorciers, aux revenans, aux apparitions, aux esprits, cette étendue d’opinions fait elle des réalités de toutes ces choses ? Non sans doute ; mais les gens les plus sensés se font une obligation de croire un esprit universel, sans voir, sans réfléchir, que tout dément les belles qualités qu’on prête à ce Dieu. Dans la famille nombreuse de ce père si tendre, je n’apperçois pourtant que des malheureux… Sous l’empire de ce souverain si juste, je ne vois que le crime au pinacle, et la vertu, dans les fers. Parmi ces bienfaits que vous me vantez dans l’adoption de ce systême, je vois une foule de maux de toute espèce, sur lesquels vous vous obstinez de fermer les yeux. Forcés de reconnaître que votre Dieu si bon, en perpétuelle contradiction avec lui-même, distribue de la même main, et le bien et le mal, vous vous trouvez contraints, pour le justifier, de me renvoyer aux chimériques régions de l’autre vie. Inventez donc en ce cas, un autre Dieu que le Dieu de la théologie ; car le sien, est aussi contradictoire qu’absurde. Un Dieu bon, qui fait le mal, ou qui permet qu’il se fasse, un Dieu rempli d’équité, et dans l’empire duquel, l’inno-