Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cence est toujours opprimée ; un Dieu parfait, qui ne produit que des ouvrages imparfaits : ah ! convenez, que l’existence d’un tel Dieu, est plus pernicieuse aux hommes, qu’elle ne peut leur être utile ; et ce que l’on pourrait faire de mieux, serait de l’anéantir à jamais. Charlatan, m’écriai-je, tu parles contre les drogues que tu distribues : que deviendraient ta puissance et celle de ton sacré collège, si tous les hommes étaient aussi philosophes que toi ?… Je sais parfaitement, dit Bernis, que l’erreur nous est nécessaire ; il faut en imposer aux hommes, nous ne le pouvons qu’en les trompant ; mais il ne s’ensuit pas de là, que nous devions nous tromper nous-mêmes : à quels yeux démasquerons-nous l’idole, si ce n’est devant ceux de nos amis, ou des philosophes qui pensent comme nous ? Dans ce cas, dit Olimpe, éclaircissez mes idées, je vous conjure, sur un point de morale essentiel à ma tranquillité. Mes oreilles ont été mille fois rebatues de ce systême, et je n’ai jamais, été satisfaite de sa définition. Il s’agit de la liberté de l’homme ; que pensez-vous, Bernis, de cette doctrine, c’est vous que