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nos petites voluptés secrètes se trouvaient extrêmement gênées ; pour nous en dédommager nous nous égarions le jour dans les bosquets solitaires de la belle campagne d’Orsini ; et pendant ces promenades délicieuses, la marquise travaillait à-la-fois mon esprit et mon ame, en entremêlant ses leçons des plus doux plaisirs de la débauche féminine. Ce n’est pas un amant qu’il faut pour passer agréablement sa vie, me disait-elle ; il devient dans nos bras indiscret ou perfide. L’habitude d’être aimées nous en fait bientôt prendre une autre, et pour une douzaine de mauvaises nuits, nous nous trouvons décriées pour toute la vie : ce n’est pas, continuait, la marquise, que la réputation soit quelque chose de bien précieux ; mais quand on peut la conserver, en ayant le double de plaisir, tu m’avoueras que les moyens qui conduisent à ce résultat, doivent être les meilleurs de tous. — Assurément. — Eh bien ! mon ange, voilà ceux que je te ferai prendre ; dans trois jours nous retournons à la ville, je t’expliquerai là les moyens d’être libertine sous le voile.

Voici le fait, me dit Salviati, le second jour de notre retour dans Rome ; nous som-