Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/224

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mes quatre, si tu veux, tu feras la cinquième : nous avons à nos ordres une vieille femme singulièrement entendue, qui nous reçoit dans une maison aussi solitaire que commode ; on la prévient, et sur notre billet elle fait trouver chez elle tout ce que peut desirer notre luxure, soit en femmes, soit en hommes, et nous en jouissons au gré de nos desirs sous les ombres épaisses du plus profond mystère ; que penses-tu de cet arrangement ? Faut-il te l’avouer, Juliette, poursuivit madame de Grillo, jeune et négligée de mon mari, les offres de cette séductrice m’entraînèrent : je l’assurai de la suivre la première fois qu’elle irait dans cette maison, mais sous la promesse formelle qu’elle ne m’obligerait pas à voir des hommes. Mon mari ne me voit presque point, tu le sais, me dis-je, et c’est une raison de plus pour qu’il dut s’appercevoir plus vîte des brêches que je ferais à son honneur. La marquise promet tout ce que je veux, nous partons. En me voyant conduire au-delà du Tibre, et dans les quartiers de Rome les plus reculés, un instant j’eus quelques frayeurs ; je les cachai ; nous arrivâmes. La maison me parut vaste et de