Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ver au second bien, la constitution de l’état. Les hommes ne sont purs que dans l’état naturel ; dès qu’ils s’en éloignent, ils se dégradent ; renoncez, vous dis-je, renoncez à l’idée de rendre l’homme meilleur par des loix, vous le rendrez, par elles, plus fourbe et plus méchant… jamais plus vertueux. — Mais le crime est un fléau sur la terre ; plus il y aura de loix, moins il y aura de crimes. — Autre balourdise : c’est la multitude des loix qui fait celle des crimes ; cessez de croire que telle ou telle action est criminelle ; ne faites point de loix pour la réprimer, il est certain qu’alors la multitude de vos crimes disparaîtra ; mais je reprends la première partie de votre proposition : le crime, dites-vous, est un fléau sur la terre : quel sophisme ! ce qu’à juste titre, on pourrait appeler un fléau sur la terre, serait la machine destructive de tous les individus qui l’habitent ; examinons si c’est-là l’effet du crime. Lorsqu’une telle action se commet, l’image qu’elle offre est celle de deux individus dont l’un fait l’action prétendue criminelle et dont l’autre devient la victime de cette action. Voilà donc à-la-fois un être heureux et un être malheureux ; donc le