Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/289

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est-il pas dépeint comme un pauvre qui catéchisait des pauvres : conviens, Braschi, qu’il ressemble bien, en ce cas, à ces fondateurs d’ordres qui vivaient dans l’indigence, et dont les successeurs nagent dans l’or. Je sais que ceux qui suivirent Pierre, ont tantôt gagné, et tantôt perdu ; il n’en est pas moins vrai que la superstition et la crédulité sont assez grandes, pour qu’il te reste encore trente ou quarante millions de serviteurs sur la terre ; mais crois-tu que le flambeau de la philosophie ne luira pas bientôt à leurs yeux ? crois-tu qu’ils consentiront encore bien long-tems à se donner un maître à trois ou quatre cents lieues d’eux ; qu’ils voudront encore bien long-tems ne penser, ne juger, n’agir que d’après toi, ne tenir leurs biens qu’aux conditions de t’en payer tribut, n’épouser qui bon leur semble, que par ton agrément : eh ! non, non, n’imagine pas que leur erreur soit encore longue, je sais que ces droits ridicules allaient bien plus loin jadis ; vous étiez au-dessus des Dieux, car ces Dieux passaient seulement pour pouvoir disposer des empires, et vous en disposiez en effet ; mais, je te le répète, Braschi, tout cela s’éclipse, tout cela dis-