Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/336

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dont nous devenons les principaux agens, sans nous en douter, en raison de nos vices et de nos vertus, C’est une variation infinie ; mille et mille portions de différentes matières qui paraissent sous toutes sortes de formes, s’anéantissent et se remontrent sous d’autres, pour se reperdre et se remontrer encore ; le principe de la vie n’est que le résultat des quatre élémens ; à la mort, chacun rentre dans sa sphère, sans se détruire, et prêt à se rejoindre de nouveau dès que l’exige la loi des règnes ; il n’y a que l’ensemble qui change de formes, les parties restent dans leur entier, et de ces parties rejointes au grand tout, il se recompose à tout instant de nouveaux êtres ; mais le principe de vie, unique fruit de la combinaison des élémens n’a rien d’existant par lui-même, il ne serait rien sans cette réunion, et il devient tout autre, quand elle cesse, c’est-à-dire, plus ou moins parfait, en raison du nouvel ouvrage créé avec les débris de l’ancien : or, comme ces êtres sont, et parfaitement indifférens entre eux, et parfaitement indifférens non-seulement à la nature, mais même aux loix des règnes ; qu’importe le changement que je fais aux