Page:Sade - La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu, suivie de L'histoire de Juliette, sa soeur, tome 8, 1797.djvu/337

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modifications de la matière ; qu’importe comme le dit Montesquieu, que d’une boule ronde j’en fasse une carrée ; qu’importe que je fasse d’un homme un chou, une rave, un papillon, ou un ver ? je ne fais en cela qu’user du droit qui m’a été donné, et je puis troubler ou détruire ainsi tous les êtres, sans qu’on puisse dire que je m’oppose aux loix des règnes, par conséquent à celles de la nature. Je les sers, au contraire et les unes et les autres : les premières, en donnant à la terre un suc nourricier qui facilite ses autres productions, qui leur est indispensable, et sans lequel ses productions s’anéantiraient ; les secondes, en agissant d’après les vues perpétuelles de destruction que la nature annonce, et dont le motif est d’être à même de développer de nouveaux jets, dont la faculté devient nulle en elle, par la gêne où le tiennent les premiers.

Pourriez-vous croire que cet épie, ce vermisseau, cette herbe enfin en laquelle vient de se métamorphoser le cadavre que j’ai privé du jour, put être d’un prix différent aux loix des règnes qui, les embrassant tous trois, ne peuvent avoir de prédilection pour aucun ; sera-ce aux yeux de la nature,